Présence et bienfaits des chiens en EHPAD et maisons de retraite
Le vieillissement de la population s’accompagne de nouveaux
enjeux pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées, notamment en
établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et en
maisons de retraite. Parmi les solutions émergentes et reconnues, la présence
animale, et en particulier celle des chiens, occupe une place de plus en plus
importante. Le chien, compagnon fidèle et sensible, exerce une influence
positive tant sur le plan émotionnel que physique auprès des aînés. Cette relation
particulière offre des perspectives enrichissantes pour accompagner le
vieillissement et favoriser un environnement bienveillant.
L’approche de la médiation animale
La médiation animale, souvent appelée zoothérapie, consiste
à intégrer la présence d’animaux dans le quotidien des personnes âgées ou
vulnérables afin de favoriser leur bien-être. Les chiens, notamment, sont
choisis pour leur sociabilité, leur capacité d’adaptation et leur aptitude à
créer du lien. En EHPAD, ces interventions peuvent être ponctuelles (visites
régulières d’un chien médiateur) ou s’inscrire dans un projet de vie plus
large, avec la présence permanente d’un animal résident.
La médiation animale implique une collaboration entre
professionnel de santé, animateur spécialisé et
intervenant· en comportement animalier. Les programmes sont adaptés en
fonction des besoins spécifiques des personnes accompagnées, qu’il s’agisse de
troubles cognitifs, de perte d’autonomie ou de situations d’isolement.
Bénéfices émotionnels et psychologiques
Le contact avec un chien procure un apaisement et une
stimulation affective difficilement égalables. Dans le contexte du
vieillissement, nombre de résidentes et résidents font face à la solitude, à
l’angoisse et parfois à la dépression. Le chien agit comme un médiateur
émotionnel : par des gestes simples (caresses, échanges de regards, jeux),
il favorise la production d’ocytocine, hormone du bien-être, et réduit le
niveau de stress.
Plusieurs études ont mis en lumière la diminution de
l’anxiété, l’amélioration de l’humeur et le développement de comportements
sociaux chez les personnes âgées au contact des chiens. Les souvenirs
ressurgissent, la parole se délie, et une dynamique de groupe se crée autour de
l’animal, encourageant les échanges et la convivialité. Pour des personnes
atteintes de troubles cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer, la présence du
chien peut favoriser l’ancrage dans le présent et raviver des souvenirs heureux.
Stimulation physique et cognitive
Au-delà de la dimension affective, la présence canine incite
à l’activité physique, même modérée. Les promenades, les jeux ou simplement les
mouvements pour prendre soin du chien responsabilisent et maintiennent une
certaine autonomie. Ces gestes du quotidien redonnent du sens et valorisent les
compétences des personnes âgées. En outre, la présence du chien stimule les
fonctions cognitives, la mémoire, l’attention et la concentration à travers
l’interaction et la répétition de consignes simples.
Pour celles et ceux qui souffrent de troubles moteurs ou de
perte de mobilité, le chien peut devenir un partenaire de rééducation : tendre
un objet, lancer une balle ou marcher à ses côtés encouragent les mouvements et
participent au maintien ou à l’amélioration des facultés physiques.
Lutte contre l’isolement social
L’isolement est l’un des grands défis à relever dans les
EHPAD et maisons de retraite. L’arrivée d’un chien change l’atmosphère, attire
les regards, suscite des conversations et fédère autour de lui. L’animal
devient un point de repère, un sujet commun, un motif pour sortir de sa chambre
ou de son silence. Il favorise l’intégration des nouveaux résidents, offre du
réconfort lors d’épisodes difficiles (deuil, maladie) et brise le cercle
vicieux de l’isolement.
Des ateliers collectifs autour du chien (jeux, toilettage,
séances de lecture) permettent de renforcer le sentiment d’appartenance et de
créer une dynamique de groupe bénéfique. Les familles elles-mêmes sont souvent
touchées par la présence de l’animal, qui contribue à humaniser l’institution.
Effets sur la santé physique
Les études montrent que les interactions régulières avec un
chien peuvent avoir des effets positifs sur la santé : baisse de la
tension artérielle, du rythme cardiaque, réduction des douleurs chroniques,
amélioration de la qualité du sommeil. Le chien apporte aussi une routine,
structurant les journées et incitant à une meilleure hygiène de vie.
Pour les personnes présentant des pathologies lourdes ou en
fin de vie, le chien apporte apaisement, chaleur et présence silencieuse,
parfois plus efficace que de longs discours ou des traitements médicamenteux.
Enjeux éthiques et organisationnels
L’introduction d’un chien dans un EHPAD ou une maison de
retraite ne s’improvise pas. Il s’agit de garantir la sécurité de tous et de
respecter les besoins de l’animal. Cela suppose une sélection rigoureuse du
chien, une formation adaptée, un suivi vétérinaire régulier et l’accord des
résidents et de leur entourage. Les professionnels veillent à ce que la
présence du chien soit source de bien-être, sans générer de risques (allergies,
morsures, fatigue de l’animal).
Le projet doit être discuté collectivement, évalué
régulièrement et inscrit dans la charte de vie de l’établissement. Des
protocoles existent pour organiser les visites de chiens médiateurs, de façon
ponctuelle ou régulière, afin de répondre aux attentes et limites de chacun.
Regards croisés et témoignages
De nombreux témoignages de résidentes, de familles et de
professionnels soulignent la richesse de la relation avec un chien. Les
sourires retrouvés, les gestes de tendresse, la motivation à participer aux
activités illustrent les bénéfices concrets de cette démarche. Les chiens
apportent de l’imprévu, de la joie simple, et rappellent à toutes et tous la
valeur du vivant au cœur de l’institution.
Conclusion
Le chien, par sa fidélité, sa sensibilité et sa capacité à
nouer des liens profonds, s’impose comme un précieux allié dans
l’accompagnement du vieillissement en EHPAD et maisons de retraite. Son rôle
dépasse celui de simple divertissement : il contribue à préserver la
dignité, l’autonomie et la joie de vivre des personnes âgées, tout en
renforçant la dimension humaine des lieux d’accueil. L’intégration de la
médiation animale s’inscrit dans une vision globale de l’accompagnement, où
chaque résident· est reconnu· dans sa singularité et son désir de relation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire